Présentation :
Les préludes de la Révolution ne commencèrent, dans la région qui allait bientôt s'appeler le Cher et l'Indre, que cinq mois après l'arrêt du 5 juillet 1788, qui avait prescrit de rechercher dans les greffes des villes et dans ceux des juridictions les documents relatifs à la convocation des Etats généraux. Ce fut seulement au mois de décembre 1788 que la scène s'y peupla d'acteurs et que les habitants de cette France du Centre, sortant de leur long silence, commencèrent à parler, d'une voix déjà distincte, quoique timide encore, le langage d'apprentis citoyens. Pendant ces cinq mois le Dauphiné et les publicistes, par tout ce qu'ils avaient fait, dit et écrit, par leurs exemples et par leurs leçons, avaient imprimé à tous les esprits un de ces mouvements décisifs qui poussent les hommes hors des routes accoutumées. En décembre 1788 il tomba sur le bureau des officiers municipaux de Bourges, d'Issoudun, de Châteauroux, de Saint-Amand et de La Châtre, une pluie serrée d'adresses venues de tous les côtés de l'horizon, où, tour à tour, protestant contre les indications données au roi par la récente Assemblée des Notables, un grand nombre de villes de France demandaient le doublement de la représentation du tiers état dans les Etats généraux et le vote par tête des trois ordres réunis dans une assemblée unique. On eût dit qu'un courant électrique parcourait toute la surface du territoire et faisait mouvoir presque en même temps des multitudes de volontés.